lundi 17 mars 2014

La chicane dans la famille

Voici le principe

Iriez-vous porter à votre voisin un verre de lait
qu'il ne vous a pas demandé ?

Le cas :

Louise est l'ainée de la famille, elle a trois soeurs et un frère. Sa plus jeune soeur, Sylvie, dans la quarantaine maintenant, fut assez aventurière jeune; un désir existentiel profond de la vie l'a amenée à essayer toutes les pistes que la vie pouvait offrir: cuisse légère et drogues dures, tout y a passé.

Bien que Sylvie ait suivi une cure de désintoxication à la méthadone il y a plus de 20 ans, elle n'a pas complètement abandonné son affection pour les « pilules »; c'est au prix d'efforts qu'elle lutte encore et que, parfois, elle rechute sur une bonne « Oxycontin », un opioïde de la même famille que la morphine, la codéine, l’héroïne et la méthadone.

Mais Sylvie lutte, lutte avec rechutes après rechutes. Excédée de cette situation, elle décida de consulter un psychologue. Quelques consultations plus tard, elle se mit à passer en revue tout son passé dont sa vie familiale et sa jeunesse. Elle téléphonait souvent à ses soeurs et à son frère pour leur demander comment ses parents, maintenant décédés, avaient réagi dans certaines situations précises. Le frère, distant de sa famille comme il avait toujours été, ne répondait pas à ses appels. Une autre soeur, la plus près d'elle, se comporta rapidement comme son frère : à la nature des interrogations de Sylvie, elle sentit que ça n'allait pas bien du tout chez sa plus jeune soeur et se retira de la scène en ne répondant plus, elle non plus, à ses appels.

Il restait Louise, l'aînée, et sa troisième soeur, Hélène, qui maintenaient des relations suivies avec Sylvie. Hélène avait une formation académique dans le domaine de la psychologie et était très proche de Sylvie.

À toutes les fois que Sylvie appelait soit Louise ou Hélène, il s'ensuivait un appel téléphonique entre ces deux dernières; elles échangeaient entre elles sur la nature de la conversation qu'une d'elles avait reçu de Sylvie. Louise et Hélène élaboraient des pistes de solution ou de conseils à donner à Sylvie. Les appels subséquents avec Sylvie intégraient le fruit de leurs discussion et proposaient ces conseils discutés entre Louise et Hélène.

Voici quelques segments de ces conversations entre la jeune Sylvie et ses soeurs Louise, l'aînée, et Hélène :

— « Tu devrais arrêter d'étudier ton passé, Sylvie. Vis le moment présent. »

— « Oui, nos parents étaient très mondains au point de menacer l'amour à entretenir dans la famille. » Sur ce sujet, Louise n'était pas d'accord mais Hélène était d'accord.

— « Notre frère, c'est un égoïste comme il a toujours été. Il ne m'appelle jamais. »

— « Quant à notre soeur qui ne me répond jamais, elle n'est pas mieux que mon frère. Ses petites affaires et c'est tout. »

— « Si tu veux un conseil... »

— « Moi, si j'étais à ta place... »

L'eau est brouillée, n'est-ce pas ?
Pensez-vous que Louise et Hélène vont rendre l'eau claire ?

Mais qui sommes-nous pour échanger entre deux personnes sur le cas d'une troisième personne afin de lui donner des conseils ? Dans le cas présenté, il est humainement impossible de clarifier l'eau et d'aider vraiment Sylvie de cette manière.

Combien de fois de telles situations se présentent dans nos familles ? Ah oui... tous les protagonistes veulent présumément le bien de la personne en difficulté mais n'est-ce pas pas parfois le paravent rationnel qu'on se donne pour jouir comme une sangsue du mal que cette personne éprouve parce que, dans le fond, on n'est vraiment pas plus heureux ? Et à voir quelqu'un qui est plus malheureux que nous, ça relative notre propre malheur ? Ça l'allège en quelque sorte ?

Sans conter qu'il y a des personnes qui s'ennuient et, par de telles situations, elles viennent de trouver leur télé-série.

Mais voyez par vous-mêmes où toute cette belle approche « humaine », paraît-il, en arrive : à des jugements sur les frères et soeurs qui pourront rester graver longtemps dans la famille, à de la médisance car on dit du mal l'un de l'autre. Ah ! toujours sous le prétexte d'analyser la situation bien sûr.

Un bon chapelet pour la personne en difficulté
Une communion pour cette personne
Valent mille fois plus que ces belles « approches humaines ».

Non, il ne faut pas couper les ponts avec la personne en difficulté. Il faut l'écouter quand elle appelle ou nous visite. Mais on ne donne pas de conseils à qui n'en a pas demandé. On n'apporte pas un verre de lait au voisin qui n'en a pas demandé.

Et si la personne en difficulté vous demande un conseil, prenez bien garde à la valeur du cosneil que vous lui donnerez car on vous demandera des comptes à ce sujet. Pourquoi ne pas juste lui dire : « Il y a bien plus grand que nous, Sylvie. As-tu essayé de frapper à cette porte, toi qui a eu une vie aventurière, est-ce la seule avenue que tu n'aurais pas explorer ? Tu devrais essayer parce qu'il est dit que à quelqu'un qui frappe, on ouvre. Tu n'as rien à perdre d'essayer, non ? »

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