jeudi 15 octobre 2015

Voici la conséquence de la décentralisation

envisagée par François





SOURCE : Rorate Caeli

Parmi tous les discours de certains délégués Synodaux et porte-paroles au sujet de la « dévolution » (* voir définition plus bas) ou « délégation » de questions morales importantes aux Conférences des Évêques ainsi que les critiques de quelques rares Pères Synodaux et commentateurs Catholiques contre cette idée, il y a le proverbial « éléphant dans la pièce » dont personne ne veut parler. Nous nous référons au fait que François a déjà approuvé l'idée d’une « dévolution » ou d’une « délégation » de l'autorité doctrinale dans les numéros. 32-33 de son Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium, le vrai modèle pour tout son Pontificat (souligné par nous) :

32. Du moment que je suis appelé à vivre ce que je demande aux autres, je dois aussi penser à une conversion de la papauté. Il me revient, comme Évêque de Rome, de rester ouvert aux suggestions orientées vers un exercice de mon ministère qui le rende plus fidèle à la signification que Jésus-Christ entend lui donner, et aux nécessités actuelles de l’évangélisation. Le Pape Jean-Paul II demanda d’être aidé pour trouver une « forme d’exercice de la primauté ouverte à une situation nouvelle, mais sans renoncement aucun à l’essentiel de sa mission ».[35] Nous avons peu avancé en ce sens. La papauté aussi, et les structures centrales de l’Église universelle, ont besoin d’écouter l’appel à une conversion pastorale. Le Concile Vatican II a affirmé que, d’une manière analogue aux antiques Églises patriarcales, les conférences épiscopales peuvent « contribuer de façons multiples et fécondes à ce que le sentiment collégial se réalise concrètement ».[36] Mais ce souhait ne s’est pas pleinement réalisé, parce que n’a pas encore été suffisamment explicité un statut des conférences épiscopales qui les conçoive comme sujet d’attributions concrètes, y compris une certaine autorité doctrinale authentique.[37] Une excessive centralisation, au lieu d’aider, complique la vie de l’Église et sa dynamique missionnaire.

33. La pastorale en terme missionnaire exige d’abandonner le confortable critère pastoral du « on a toujours fait ainsi ». J’invite chacun à être audacieux et créatif dans ce devoir de repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes évangélisatrices de leurs propres communautés. Une identification des fins sans une adéquate recherche communautaire des moyens pour les atteindre est condamnée à se traduire en pure imagination. J’exhorte chacun à appliquer avec générosité et courage les orientations de ce document, sans interdictions ni peurs. L’important est de ne pas marcher seul, mais de toujours compter sur les frères et spécialement sur la conduite des évêques, dans un sage et réaliste discernement pastoral.

Lorsque Evangelii Gaudium a été publié en novembre 2013, nous avons immédiatement saisi l'importance centrale de ce passage sur notre site Rorate Caeli, c’est pourquoi nous avions choisi de le mettre en évidence. La réalité est que, pour tous les discours de « complots » et « d’improvisation » dans ce pontificat, François et ses conseillers les plus proches (les Cardinals Maradiaga et Abp. Tucho Fernandez en particulier) n’ont été rien de moins sinon clairs sur leurs intentions pour un « profond changement total et irréversible » dans l'Église. Ce passage dans Evangelii Gaudium ne pouvait pas être plus clair sur la direction où François veut voir l'Église se diriger.

Si jamais une mesure de l'autorité doctrinale devait être dévolue aux Conférences Épiscopales, alors Rome serait confronté à une bataille sans fin pour réglementer, limiter ou demander le retour de cette autorité. Les dommages à l'Autorité de la Papauté et le chaos qui aurait lieu dans l'Église Universelle est trop terrible à envisager. Si nous parlions ici des Églises locales profondément enracinées dans la Tradition et jalouses dans la sauvegarde de leur héritage théologique, liturgique et canonique ancien, il y aurait beaucoup moins d'inquiétude (même si l'idée de « dévolution » doctrinale serait toujours complètement inacceptable d'un point de vue catholique traditionnel ). Malheureusement, un véritable sens de la Tradition a largement disparu dans notre Église et toute « dévolution » de « l'autorité doctrinale » entraînerait très certainement de nombreuses hiérarchies à se hâter à être guidées d'autant plus par l'esprit du monde.

C’est le comble de l'ironie pour les apologistes et commentateurs Catholiques de continuer à se taire face à cette attaque évidente sur l'Autorité du Siège Apostolique et sur l'Unité de l'Église universelle due précisément à leur définition trompée de « loyauté » à la Papauté et de leur désir de favoriser « l'unité » (souvent comprise comme étant le fait que la critique devrait être étouffée et que chacun devrait faire semblant que tout est très bien).




* Dévolution: DR. CANON. Droit par lequel un supérieur conférait un bénéfice laissé vacant par le collateur légitime (d'apr. Bach.-Dez. 1882).

Collateur : Celui qui conférait, ou avait le droit de conférer un bénéfice ecclésiastique.

Synonymes au niveau profane : dévolution = décentralisation ou délégation de pouvoir(s).

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