mercredi 6 décembre 2017

La plaie du positivisme ecclésial
Aucune vérité, seulement la loi



par Christopher A. Ferrara
SOURCE : Le Centre de Fatima
Le 6 décembre 2017

Dans ma chronique du 4 décembre, j'ai défié les « normalistes » d'expliquer comment ils entendaient continuer leur récit « Tout est toujours OK » maintenant que le Pape François a apposé l'étiquette « Magistère Authentique » dans sa lettre « privée » approuvant les directives des Évêques de Buenos Aires autorisant, conformément à Amoris Laetitia (AL), l'Absolution et la Sainte Communion pour les adultères publics dans des « seconds mariages » selon les critères nébuleux et ouverts de « circonstances complexes » et d’un « parcours de discernement ». Bref, une morale d’éthique de situation concernant des violations du Sixième Commandement, et avec cela une menace pour l'ensemble de l'édifice moral de l'enseignement Catholique lié à tous les Commandements.

L'auteur de cet éditorial est Monsieur Christopher A. Ferrara. Monsieur Ferrara est avocat de profession. Il agissait aussi comme collaborateur principal de Feu Père Nicholas Gruner, fondateur du Centre de Fatima, Fort Érié, Canada et ayant aussi des installations à Rome. Il est chroniqueur dans plusieurs autres sites catholiques dont Le Remnant Newspaper.

C'est triste à dire, le Canoniste respecté Ed Peters a fourni une réponse vraiment lamentable au défi de faire face à ce désastre sans précédent. Sur son blog, il bat retraite dans son dernier retranchement en écrivant ceci :

« Il est essentiel de comprendre qu’aujourd'hui, ce qui empêche les ministres de la Communion de distribuer l'Eucharistie aux Catholiques divorcés et remariés est le Canon 915 et l'interprétation unanime et universelle que ce texte législatif, enraciné comme il est dans la Loi Divine, a toujours reçu ».

Comme le Canon 915 le déclare :

« Les excommuniés et les interdits, après l'infliction ou la déclaration de la peine et ceux qui persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste, ne seront pas admis à la Sainte Communion ».

Revenant à la tentative de François de créer des exceptions à la réalité morale et sacramentelle, que le Canon ne fait que refléter comme une question de Loi Divine, Peters affirme :

« À moins que cette loi ne soit révoquée ou modifiée par une action législative pontificale ou efficacement neutralisée par une « interprétation authentique » approuvée pontificalement, (1983 CIC 16), le Canon 915 fait obstacle et, faisant obstacle ainsi, lie les ministres de la Sainte Communion ».

Ainsi, Peters continue :

[ Étant donné que ] « ni la lettre du Pape aux Argentins, ni le document des Évêques Argentins, ni même Amoris laetitia ne mentionnent tout autant le Canon 915, et encore moins que ces documents abrogent, oblitèrent ou interprètent authentiquement cette norme hors du Code de Droit Canonique »...

...les ministres sacrés sont toujours interdits d'admettre les adultères publics à la Sainte Communion, le Pape François n'ayant pas « révoqué ni modifié » le Canon 915. Pourtant, Peters conclut piteusement : «

Je souhaite que le Canon 915 ne soit pas le seul rempart contre l'abandon de l'Eucharistie aux caprices des consciences individuelles, souvent mal formées ».

Sérieusement ? Peters ne remarque-t-il pas qu'il enracine lui-même l'interdiction du Canon 915 dans la Loi Divine et qu'il cite l'interprétation « unanime et universelle » de ce Canon de la période d’avant François de l'Église selon la Loi Divine ? Peters suggère-t-il sérieusement que François aurait le pouvoir de « révoquer ou de modifier » la même norme, enracinée dans la Loi Divine, que son propre prédécesseur a déclaré être « sans exception », c'est-à-dire irrévocable, précisément parce qu'elle est enracinée dans la Loi ? Le Pape doit-il maintenant être considéré comme Dieu — un Dieu qui change d'avis ? Ou, comme le dit François, un « dieu des surprises » qui parle à travers un Pape qui serait une sorte d'Oracle de Rome ?

Ce que nous avons ici est un exemple classique du fléau du positivisme juridique dans l'Église : c'est-à-dire cette philosophie du droit qui ne se réfère qu'à la simple existence d'une loi établie par l'autorité pour en déterminer la validité et son effet contraignant sans regarder à sa vérité et à sa poursuite de la vertu qu’une loi doit servir pour être valide. Le simple positivisme légal suggère, comme le fait Peters, qu'un simple Canon dans un Code de Droit Canonique est « le dernier rempart » contre « l'abandon de l'Eucharistie aux caprices de consciences individuelles, souvent mal formées », mais que le Pape François pourrait révoquer ou modifier ce Canon afin de provoquer cet abandon.

En vérité, le seul et unique rempart contre la profanation et le sacrilège que François tente de masquer avec l'étiquette fausse et trompeuse de « Magistère Authentique » est la Loi de Dieu, et non le Droit Canonique, qui, dans ce cas, est simplement conforme à la Loi de Dieu. Par conséquent, peu importe si François osait proclamer l'abrogation pure et simple du Canon 915, la Loi Divine interdirait encore ce qu'il tente de faire et rendrait son effort nul devant Dieu et les hommes puisque une loi immorale n’est pas une loi du tout, pour faire de la publicité au fameux dicton de Saint Augustin.

De plus, Peters rêve s'il pense que le Pape François n'a pas, par son dernier abus de pouvoir, prétendu « modifier » précisément le Canon 915 en autorisant, via Amoris Laetitia, l'admission aux Sacrements de certains adultères publics fondés sur un « parcours de discernement » absurde dans des « circonstances complexes ». La prétendue « modification » du Canon 915 n'est pas moins nulle que si c’était une révocation pure et simple. Car la Loi de Dieu ne peut être modifiée ou révoquée par un simple homme, même s'il est le Pape.

Comme il est ironique de constater que le même Pape qui condamne le Pharisaïsme imaginaire des Catholiques Orthodoxes qui protestent à juste titre contre ses nouveautés imprudentes a suscité le plus Pharisien des défenseurs de ceux qui insistent sur le fait que le Pape François ne défait pas vraiment la loi morale dans l’Église. Mais il l'a défait en pratique, même si en réalité ça reste irrévocable et intouchable.

Il est temps pour des Catholiques comme Peters de rejoindre ses frères Catholiques du monde entier qui reconnaissent la crise de ce pontificat pour ce qu'elle est : une rébellion contre la Volonté de Dieu, qui est le devoir de tout Catholique digne de ce nom de s'opposer comme tel plutôt que de recourir au genre d'arguties légales que Notre Seigneur a condamnées chez les Pharisiens que François voit partout sauf dans le miroir.

Ici encore, nous voyons la pertinence durable et même la centralité du Message de Fatima, avec son avertissement ( dans le Troisième Secret intégral ) d'une « bataille finale » sur le Mariage et la Famille. Une bataille dans laquelle, assez incroyablement, un Pape semble diriger les forces ennemies.

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